Attentat en Colombie:  le bilan en hausse, deuil national de trois jours

  18 Janvier 2019    Lu: 1452
    Attentat en Colombie:   le bilan en hausse, deuil national de trois jours

Le président colombien, Ivan Duque, a décrété le deuil national, suite à l’attaque à la voiture piégée qui a visé l’école de la police nationale, jeudi, dans le sud de Bogota. Un nouveau bilan fait état d’au moins 21 morts et 68 blessés.

L’attentat à la voiture piégée contre l’école de la police nationale colombienne jeudi à Bogota a fait au moins 21 morts et 68 blessés, selon un nouveau bilan à la hausse communiqué par la police.

« Malheureusement, le bilan préliminaire est de 21 personnes décédées, dont l’auteur des faits, et de 68 blessées », a indiqué la police dans un communiqué, précisant que 58 blessés étaient sortis de l’hôpital. Le précédent bilan officiel était de 11 morts et 65 blessés.

Le chef de l’Etat Ivan Duque a décrété le deuil national, suite à cette attaque à la voiture piégée qui a visé l’école de la police nationale, dans le sud de la capitale.

L’auteur de l’attaque a été identifié
L’attentat a été qualifié de « misérable acte terroriste » par ce président de droite, arrivé au pouvoir en août et qui a durci la lutte contre le trafic de drogue ainsi que sa politique envers l’Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla de Colombie.

L’auteur de l’attaque a été identifié comme José Aldemar Rojas Rodriguez. Il est entré à 09h30 (14h30 GMT) dans l’enceinte de l’Ecole des officiers Général Francisco de Paula Santander, au volant d’une camionnette grise chargée de 80 kilos de pentolite, un puissant explosif, selon le procureur général Nestor Humberto Martinez.

Trois jours de deuil national
Une source du Parquet a confirmé à l’AFP que l’homme de nationalité colombienne était mort dans l’attentat. Les autorités n’ont pas précisé s’il était lié à l’un des groupes armés illégaux qui opèrent encore en Colombie, notamment dans le narco-trafic, depuis la paix signée avec l’ex-rébellion Farc en 2016.

« Nous ne nous reposerons pas avant d’avoir capturé et présenté à la justice le reste des terroristes impliquées », a affirmé M. Duque lors d’une allocution télévisée dans la soirée, ajoutant avoir « décrété trois jours de deuil national […] en honneur » aux familles des victimes.

L’explosion est survenue à l’issue d’une cérémonie de promotion de jeunes officiers. Il n’a pas été précisé combien de policiers figuraient parmi les victimes.

Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière qu’ait subie Bogota depuis un attentat, également à la voiture piégée et commis alors par les Farc, qui avait fait 36 morts, des dizaines de blessés le 7 février 2003, au Nogal, un club social très exclusif du nord de Bogota.

« On aurait dit la fin du monde »
« Cet acte terroriste démentiel ne restera pas impuni », a assuré jeudi le chef de l’Etat. Dénonçant « une attaque contre toute la société », il a appelé « les Colombiens à s’unir contre les violents ».

M. Duque s’est engagé à amplifier la lutte contre le narco-trafic dans un pays qui reste le premier producteur mondial de cocaïne, et il a durci les conditions de reprise des négociations de paix avec l’ELN.

Le procureur a précisé que le véhicule utilisé avait passé un contrôle technique en juillet dernier dans l’Arauca, un département frontalier du Venezuela, où l’ELN est présente. Une employée du service de santé des Forces militaires a précisé à la radio que la voiture piégée était entrée « soudainement » dans l’école, « percutant presque les policiers et tout de suite il y a eu l’explosion ».

Une commerçante ouvrait sa boutique de confection quand la vitrine a volé en éclats. « Lorsque nous avons regardé vers l’école, le ciel était gris de fumée. Les gens couraient, les sirènes… C’était horrible, horrible, on aurait dit la fin du monde », a déclaré à l’AFP cette femme de 62 ans, Rosalba Jimenez.

Les Farc condamnent l’attentat
L’attentat a été unanimement condamné, en particulier par le bureau de l'ONU en Colombie, les Etats-Unis, le Venezuela voisin et les Farc, qui ont exprimé leur solidarité avec les victimes.

Il y a presque un an, le 29 janvier 2018, la police avait été la cible d’une attaque à la voiture piégée à Barranquilla, sur la côte caraïbe (nord). Six policiers avaient été tués et 40 blessés. L’attaque avait été revendiquée par l’ELN.

En 2017, Bogota, qui compte huit millions d’habitants, avait été le théâtre de deux autres attaques meurtrières.

L’une, en juin dans un centre commercial, avait fait trois morts, dont une jeune Française, et plusieurs blessés. Les autorités l’avait attribuée à un groupuscule de gauche, le Mouvement révolutionnaire du peuple (MRP).

Précédemment, en février, un policier avait été tué et plusieurs autres personnes blessées dans un attentat contre les forces de l’ordre dans le quartier de la Macarena, également revendiqué par l’ELN.

Négociations avec l’ELN suspendues depuis août 2018
Avec environ 1 800 combattants, l’ELN est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement et la transformation en parti politique des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) à la suite de l’accord signé en 2016 avec le précédent gouvernement.

M. Duque exige que l’ELN libère ses otages, dont le nombre est évalué à 17, et cesse ses activités criminelles avant une reprise des négociations, entamées en 2017 mais suspendues depuis août. Les rebelles estiment qu’il s’agit de « conditions unilatérales inacceptables ».

Bien que l’intensité du conflit ait diminué depuis l’accord avec les Farc, la Colombie reste affectée par une guerre fratricide, qui au fil des décennies a impliqué guérillas, paramilitaires et forces de l’ordre, faisant plus de huit millions de victimes entre morts, disparus et déplacés.

AFP


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