L'ONU appelle le Pakistan à ne pas exécuter un malade mental

  14 Janvier 2019    Lu: 1052
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Des experts indépendants de l'ONU ont appelé dimanche le Pakistan à renoncer à l'"exécution arbitraire" d'un ancien policier reconnu comme malade mental.

Khizar Hayat, un ancien policier condamné en 2003 pour avoir tué un collègue, doit être exécuté le 15 janvier, ont indiqué dans un communiqué la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, Agnes Callamard, et la Rapporteuse sur les droits des personnes handicapées, Catalina Devandas.

"L'imposition de la peine capitale aux personnes souffrant de handicaps psychosociaux est une violation flagrante des obligations internationales du Pakistan", ont-elle déclaré.

La Cour suprême pakistanaise tiendra une audience lundi pour déterminer si l'exécution peut se tenir, a annoncé l'ONG Justice project Pakistan (JPP), qui soutient l'accusé.

JPP a salué "l'intervention opportune de la plus haute autorité judiciaire dans le pays pour empêcher une exécution injustifiée".

M. Hayat, qui a 60 ans selon cette ONG, a été diagnostiqué schizophrène par des médecins gouvernementaux en 2008.

Les Nations unies ont par le passé déjà appelé le Pakistan à respecter les droits des malades mentaux détenus, citant spécifiquement le cas de M. Hayat.

Le 18 décembre, la Commission pakistanaise des droits de l'homme a rendu une ordonnance demandant la suspension de son exécution pour des raisons humanitaires. Malgré cela, le 10 janvier, un juge de district de Lahore a émis un mandat d'exécution, ont rapporté les expertes indépendantes de l'ONU.

"L'application de la peine de mort dans ces conditions est illégale et équivaut à une exécution arbitraire, ainsi qu'à une forme de châtiment cruel, inhumain ou dégradant", ont-elle soutenu.

En outre, au cours de son procès, "aucune preuve ni témoin n'avaient été appelés pour sa défense et aucune question n'avait été posée concernant sa santé mentale, bien qu'il ait par la suite reçu un diagnostic de maladie mentale", ont-elles déploré.

"Il a maintenant passé plus de 15 ans en détention. Il a été victime de plusieurs agressions de la part d'autres détenus en raison de son handicap et est maintenu à l'isolement depuis 2012", ont-elle souligné.

Il y a deux ans, des experts de l'Association psychiatrique mondiale avaient également appelé le Pakistan à stopper son exécution, expliquant qu'Khizar Hayat, schizophrène, ne comprenait pas le crime qu'il avait commis.

Une requête visant à transférer l'ancien policier dans une unité de santé mentale a par ailleurs été rejetée le 6 décembre, ont précisé les Rapporteuses.

AFP


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