Des observateurs de l'ONU en route pour le Yémen

  22 Décembre 2018    Lu: 1192
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Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé vendredi à l'unanimité d'envoyer des observateurs civils au Yémen afin notamment de sécuriser le fonctionnement du port stratégique de Hodeida et de superviser l'évacuation des combattants de cette ville.

Une résolution rédigée par le Royaume-Uni, adoptée par les 15 membres du Conseil, entérine également les acquis obtenus lors des récentes consultations inter-yéménites tenues en Suède.

Le texte insiste sur "le plein respect par toutes les parties du cessez-le-feu décrété pour la province de Hodeida".

Il autorise l'ONU "à établir et à déployer, pour une période initiale de 30 jours à compter de l'adoption de la résolution, une avant-garde pour commencer un travail d'observation", sous la direction du général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert.

La Chine et la France se sont félicitées de l'"unité" retrouvée du Conseil de sécurité. "La résolution adoptée à l’unanimité est un fort signal d’unité et d’engagement du Conseil" et affirme tout son "poids" derrière les efforts de l’ONU au Yémen, a relevé l'ambassadeur français, François Delattre.

Selon l'ONU, Patrick Cammaert, qui a effectué plusieurs missions dans le monde pour l'organisation comme Casque bleu, était attendu vendredi à Amman, avant d'aller à Sanaa et Hodeida à des dates non précisées. 

Au cours de sa carrière, il a commandé entre 2000 et 2002 une mission de Casques bleus en Ethiopie et en Erythrée et occupé en 2005 des fonctions de commandement en République démocratique du Congo. Il a aussi oeuvré pour l'ONU au Cambodge et en Bosnie.

Des diplomates ont évoqué le déploiement à Hodeida et ses environs de 30 à 40 observateurs --des civils ayant des expériences militaires-- pour garantir l'arrêt des hostilités et sécuriser l'aide humanitaire. Des membres de l'avant-garde sont déjà en route pour la région, a précisé vendredi l'ONU.

Les consultations inter-yéménites en Suède ont notamment permis d'aboutir à un cessez-le-feu à Hodeida, entré en vigueur mardi, et à la décision d'un retrait des combattants de cette ville.

Les ports d'Al-Salif et de Ras Issa sont également concernés par des mesures de cessation des hostilités et d'évacuation de combattants. Un accord est aussi intervenu pour un échange de prisonniers, également entériné par la résolution du Conseil.

Les deux parties, rebelles chiites Houthis et forces gouvernementales soutenues la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite sunnite, avaient donné en Suède leur accord pour que l'ONU supervise les activités du port de Hodeida.

Cette ville portuaire par où transite la majeure partie de l'aide humanitaire destinée au Yémen est un enjeu stratégique dans la guerre opposant depuis 2015 les Houthis, appuyés par l'Iran, aux forces progouvernementales.

- Paragraphes supprimés -

En dépit d'une demande il y a une semaine d'un appel de l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, à envoyer au plus vite des observateurs au Yémen, les discussions du Conseil de sécurité ont traîné en longueur.

A la demande des Etats-Unis, une mention accusant nommément l'Iran de soutenir des attaques de Houthis avait été ajoutée au texte. La Russie est intervenue pour menacer d'utiliser son veto si cette mention était gardée. Une offre de compromis a remplacé le mot Iran par une condamnation du soutien apporté aux Houthis, "quelle que soit sa source".

Dans la résolution adoptée vendredi, l'ensemble du paragraphe concerné a été supprimé. D'autres paragraphes ont aussi disparu: un relatif à des aspects de la situation humanitaire dans le pays et un autre sur la mise en responsabilité des auteurs d'atrocités et de destructions au Yémen, qui visait tant les forces gouvernementales que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite.

Louis Charbonneau, directeur de l'ONG Human Rights Watch, a critiqué cette dernière suppression, tout comme Oxfam. "Le Conseil devrait envisager des sanctions ciblées contre les responsables des pires violations, incluant des responsables saoudiens, émiratis et Houthis", a-t-il réclamé dans un communiqué.

L'Arabie Saoudite "remercie les parties koweïtienne et américaine d'avoir trouvé la formule appropriée pour la résolution" et estime qu'avec des observateurs présents sur le terrain, les Houthis "vont perdre leur marge de manoeuvre", dans un communiqué de l'agence de presse officielle saoudienne.

Membre non-permanent du Conseil, la Bolivie s'est, de son côté, vivement élevée après le vote contre la manière dont se sont déroulées les négociations. "Nous exigeons d'être pris en considération", a lancé la représentante de ce pays, évoquant un "manque de transparence et de respect".

Sans compter les renouvellements annuels du régime de sanctions concernant le Yémen, il s'agit de la première résolution adoptée par le Conseil de sécurité depuis 2015 et l'entrée en guerre de la coalition arabe. Le texte adopté alors réclamait aux Houthis de quitter toutes les emprises au Yémen acquises par les armes.

Le 8 décembre, l'ONU avait estimé que jusqu'à 20 millions de personnes étaient "en situation d'insécurité alimentaire" au Yémen, où la guerre a fait au moins 10.000 morts depuis plus de quatre ans. 

AFP


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