Brexit : Theresa May accusée d'"induire en erreur" les députés

  06 Décembre 2018    Lu: 880
Brexit : Theresa May accusée d

La Première ministre britannique Theresa May a été accusée mercredi d'avoir cherché à "induire en erreur" les parlementaires sur l'accord de Brexit, pour avoir initialement refusé de publier un avis juridique susceptible de renforcer l'opposition au texte.

Au cours de la séance de questions au gouvernement, Ian Blackford, député du parti nationaliste écossais, a estimé que la cheffe du gouvernement avait voulu "dissimuler les faits" et "induire en erreur" la Chambre des Communes en s'opposant à la publication de l'avis rendu par l'Attorney General Geoffrey Cox (ministre chargé de conseiller juridiquement le gouvernement) sur le contenu de l'accord. 

Mardi, les députés avaient estimé, par 311 voix contre 293, que le gouvernement avait commis un "outrage au Parlement" en publiant un condensé de cet avis, plutôt que la version exhaustive qu'ils réclamaient.

Le gouvernement a finalement rendu publique cette version mercredi. Geoffrey Cox souligne dans ce document que pour obtenir un nouvel accord définissant la relation future entre le Royaume-Uni et l'UE, Londres pourrait être "soumis à des cycles de négociations très longs et répétés". 

Il alerte sur le fait que les dispositions spécifiques à l'Irlande du Nord, qui prévoient un alignement règlementaire de la province sur l'UE afin d'éviter une frontière physique avec la République d'Irlande, pourraient "perdurer indéfiniment" dans l'attente de la conclusion du nouvel accord. 

Ces dispositions, désignées par le terme de "filet de sécurité", nourrissent le mécontentement des députés eurosceptiques, qui demandent une franche rupture avec l'UE, et du parti nord-irlandais DUP, pourtant allié de l'exécutif, qui refuse tout traitement spécifique pour l'Irlande du Nord, y voyant une atteinte à l'intégrité du Royaume-Uni. 

- Theresa May "chancelante" -

Ces arguments motivent l'opposition de nombreux députés à l'accord de retrait, et menacent la ratification du texte par la Chambre des Communes lors du vote prévu le 11 décembre.

Alors qu'à Bruxelles, le processus de ratification du texte par la Commission a commencé, Theresa May peine à réunir une majorité pour soutenir l'accord, fruit de 17 mois de difficiles négociations entre Londres et Bruxelles, et qui fait l'objet d'une nouvelle séance de débat au parlement ce mercredi.

Signe de sa faiblesse, la cheffe du gouvernement avait aussi subi mardi un revers avec l'adoption d'un amendement déposé par un membre de son propre parti conservateur, Dominic Grieve, et soutenu par 25 députés tories rebelles.

Si l'accord de Brexit est rejeté, la loi prévoit que le gouvernement doit retourner devant le Parlement dans un délai de 21 jours pour préciser la manière dont il compte procéder pour la suite du processus de Brexit.

La disposition introduite par Dominic Grieve donne aux députés la possibilité d'amender le texte qui leur sera présenté. Ils seront ainsi libres de proposer des scénarios différents de celui établi par l'exécutif, et de réclamer une réouverture des négociations avec Bruxelles ou l'organisation d'un nouveau référendum, voire même le maintien dans l'UE. Mais leur avis ne sera pas contraignant.

Pour le tabloïd Daily Mirror, Theresa May est "faible et chancelante", et la probabilité d'un rejet de l'accord par le Parlement "augmente rapidement".

- "Seule solution" -

Mardi, la cheffe du gouvernement avait ouvert la première session de débat sur ce texte en affirmant qu'il constituait "la seule solution" pour mener à bien le Brexit, et répondait "aux inquiétudes de ceux qui ont voté pour le retrait tout en rassurant ceux qui ont voté pour le maintien".

Mais l'accord fédère les mécontentements au sein de l'opposition et jusque dans les rangs de la majorité. Au cours des débats, qui se sont prolongés jusqu'au milieu de la nuit, le leader des travaillistes, Jeremy Corbyn, l'a jugé "mauvais" pour le Royaume-Uni et son économie, estimant que Theresa May avait seulement réussi à réunir une "extraordinaire coalition" contre elle.

L'ex-chef conservateur de la diplomatie, Boris Johnson, a qualifié le texte d'"humiliation nationale tournant le Brexit en dérision", empêchant le Royaume-Uni d'avoir le contrôle de sa politique commerciale et de ses frontières. 

La Première ministre a fait planer la menace d'un départ de l'UE sans accord, avec de lourdes conséquences pour l'économie britannique, en cas de rejet de l'accord. Elle a aussi averti qu'il pourrait ne pas y avoir de Brexit du tout.


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