Steve Bannon et un milliardaire chinois s'allient pour dénoncer les "crimes" de Pékin

  21 Novembre 2018    Lu: 879
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Steve Bannon, l'ex-sulfureux conseiller de Donald Trump, et un milliardaire chinois exilé, Guo Wengui, ont officialisé mardi une étrange alliance: ils travailleront ensemble pour exposer les crimes perpétrés selon eux par le gouvernement chinois, à commencer par la mort "suspecte" du magnat Wang Jian en France en juillet.

Selon les deux hommes, le parti communiste chinois est coupable de persécutions massives, en Chine comme à l'étranger. Et la mort, présentée comme accidentelle, du président du conglomérat HNA Wang Jian début juillet après une chute en Provence, n'en serait que l'une des nombreuses illustrations.

Lors d'une conférence de presse organisée dans un grand hôtel new-yorkais, MM. Bannon et Guo ont annoncé qu'ils allaient enquêter ensemble, grâce à un fonds doté de 100 millions de dollars par le milliardaire, sur ces crimes, qui vont de l'emprisonnement arbitraire à des assassinats maquillés en suicides ou morts accidentelles, en passant par la torture.

"Des centaines, sinon des milliers des Chinois les plus talentueux, ont soit disparu, soit ont été emprisonnés, se sont suicidés ou sont morts dans des circonstances mystérieuses, ou ont vu leurs biens saisis", a déclaré M. Bannon, qui s'est dit "sidéré" qu'il n'y ait "pas d'indignation".

Il est allé jusqu'à comparer le décès de Wang Jian à la mort du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie et aux attaques contre des citoyens russes au Royaume-Uni, attribuées aux gouvernements saoudien et russe.

S'exprimant via des interprètes, M. Guo, qui a demandé l'asile aux Etats-Unis et dont Pékin demande l'arrestation, a présenté les résultats d'une enquête qu'il a lui-même financée: elle révèle selon lui des "éléments suspects" dans l'affaire Wang et laisse penser que, contrairement aux conclusions de la police française, la mort du magnat ne serait pas accidentelle.

Ses enquêteurs, qui se sont rendu six fois dans le village provençal de Bonnieux, auraient découvert de multiples anomalies, notamment concernant les gardes du corps qui accompagnaient M. Wang lors de sa chute: ils auraient réagi en lui faisant de "l'acuponcture au visage", refusant d'autres secours.

Pour M. Guo, qui avait expliqué à l'AFP fin 2017 vouloir lutter pour restaurer la démocratie en Chine, M. Wang a été tué parce qu'il "en savait trop" sur les liens entre le conglomérat HNA et les autorités chinoises.

- "Amour de la Chine"

Le conglomérat, formé à partir d'une petite compagnie aérienne en 1993, serait lié selon lui aux services secrets chinois, ce qui expliquerait sa croissance spectaculaire à l'étranger ces dernières années, et les doutes entourant les véritables détenteurs de son capital.

Le "fonds pour l'Etat de droit" que M. Guo entend lancer la semaine prochaine aura pour mission d'enquêter sur ce genre de dossiers pour aider les victimes de la répression du régime chinois et leurs familles.

M. Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, limogé de la Maison Blanche en août 2017, est surtout connu pour son apologie des mouvements populistes, qu'il essaie de rassembler en Europe, ou son rôle présumé dans le scandale Cambridge Analytica.

Mais ce bon connaisseur de la Chine, qui dit avoir fait la connaissance de M. Guo quand il était à la Maison Blanche, a indiqué qu'il présiderait le fonds à titre bénévole, par sens du "devoir".

"J'ai un amour profond pour la Chine, sa culture et son peuple", a expliqué M. Bannon sur ce nouvel engagement. "J'y ai habité par périodes au cours des 20-25 dernières années, ce sujet de la répression m'est particulièrement cher. Et ce qui me choque depuis deux ans, c'est à quel point elle est devenue flagrante".


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