Ivanka Trump rompt (en douceur) avec son père sur les enfants migrants et la presse

  03 Août 2018    Lu: 508
Ivanka Trump rompt (en douceur) avec son père sur les enfants migrants et la presse

Manières policées, voix posée et quelques éclats de rires contrôlés, Ivanka Trump s'est démarquée jeudi du virulent discours de son père sur l'immigration et la presse, sans pour autant dénoncer les positions du président américain qu'elle sert fidèlement à la Maison Blanche.

Voir plus de 2.500 enfants migrants séparés de leurs parents entrés illégalement aux Etats-Unis a été "l'un des pires moments" qu'elle ait vécus depuis son arrivée à la Maison Blanche, a confié la femme d'affaires de 36 ans, mère de trois enfants.

"J'ai une opinion très forte là-dessus et je suis très, farouchement, contre la séparation des familles", a insisté la proche conseillère de Donald Trump, lors d'une conférence à Washington.

"Ça a été l'un des pires moments pour moi aussi" depuis le début de la présidence Trump en janvier 2017, a-t-elle ajouté. Avant toutefois de nuancer: "l'immigration est un sujet extraordinairement complexe".

"Je suis la fille d'une immigrée", a-t-elle poursuivi en référence à sa mère Ivana, qui a grandi dans ce qui était à l'époque la Tchécoslovaquie. "Mais nous vivons dans un Etat de droit (...) et nous devons donc faire très attention à ne pas encourager des comportements qui mettent les enfants en danger".

Les voix d'enfants migrants en pleurs, terrorisés, après avoir été séparés au nom de la politique de "tolérance zéro" sur l'immigration de Donald Trump, mise en oeuvre début mai, ont fait le tour du monde.

Face au scandale, le président américain a reculé fin juin, affirmant avoir en cela été influencé par son épouse... et sa fille.

Mais les autorités ont encore du mal à réunir toutes les familles.

Dans une autre prise de distance marquée, Ivanka Trump a affirmé jeudi ne pas considérer les journalistes comme "l'ennemi du peuple", une expression employée par son père qui multiplie les coups de boutoir contre les médias.

- "Première fille" -

Face à un Donald Trump qui proclame publiquement l'adorer, l'influence de la jeune femme l'a fermement installée dans le rôle de "Première fille", éclipsant souvent la Première dame, sa belle-mère Melania Trump. D'autant qu'elle forme avec son époux, Jared Kushner, un couple soudé de proches conseillers à la Maison Blanche.

Mais celle qui cristallisait les espoirs de certains démocrates après la victoire surprise de son père, voulant croire en l'influence modératrice de cette jeune new-yorkaise aux nombreux amis progressistes --dont, un temps, Chelsea Clinton-- les a profondément déçus par son silence sur des mesures controversées.

Décret anti-immigration, déclarations scabreuses de son père: on lui a souvent reproché de ne pas s'indigner publiquement. Mais pour ceux qui espéraient la voir freiner son père, la plus grande "trahison" reste toutefois le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, en juin 2017.

Seul signe de leur malaise: Ivanka Trump et Jared Kushner n'étaient pas présents dans la roseraie de la Maison Blanche pour cette annonce. Une absence rarissime.

Le jeune mère avait en revanche fermement rompu avec le soutien de son père à un candidat républicain au Sénat, accusé par des femmes d'agressions sexuelles lorsqu'elles étaient mineures. "Les prédateurs d'enfants ont leur place réservée en enfer" avait-elle déclaré en 2017. Le candidat Roy Moore avait perdu.

"Je suis véritablement passionnée par le travail que je fais ici", a lancé Ivanka Trump, jeudi. A tel point qu'elle a décidé, fin juillet, de mettre fin aux activités de sa marque de vêtements, chaussures et accessoires. "C'était vraiment injuste pour mon équipe, après 17 mois ici, de ne pas pouvoir dire avec certitude quand ou si je reviendrais".

Après son arrivée à la Maison Blanche, les ventes avaient bondi. Ivanka Trump avait conservé sa participation majoritaire dans la marque mais l'avait versée dans un trust afin de minimiser les risques de conflits d'intérêt. Sans pour autant faire taire les critiques.

Dans un clin d'oeil à son père, le journaliste d'Axios, Mike Allen, lui a demandé si elle comptait passer le restant de ses jours "dans le marigot", le surnom péjoratif que Donald Trump donne à Washington et sa cohorte de politiciens.

"C'est très peu probable", a-t-elle répondu dans un éclat de rire.


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