Afghanistan: le chef de guerre Dostum attendu à Kaboul après un an d'exil

  22 Juillet 2018    Lu: 1080
Afghanistan: le chef de guerre Dostum attendu à Kaboul après un an d

Le général Abdul Rashid Dostum, chef de guerre redouté du nord de l'Afghanistan et premier vice-président, est attendu dimanche à Kaboul après un an d'exil en Turquie, officiellement pour raison de santé.

Accusé de viol sur un rival fin 2016, Dostum avait quitté le pays en mai 2017 pour échapper à la justice. Il sera accueilli par une délégation d'officiels afghans à l'aéroport de Kaboul, ont indiqué les autorités.

"A 16H00 aujourd'hui (11H30 GMT), le général Dostum atterrira à l'aéroport international de Kaboul" a déclaré son porte-parole Jamal Nasir Farahmand à l'AFP. Son arrivée a été également annoncée à la presse par le porte-parole du président, Haroon Chakhansuri.

Son portrait trône en bonne place dimanche matin dans les rues de Kaboul, le long de la route de l'aéroport et autour du palais présidentiel: en uniforme militaire, en "chapan" traditionnel (manteau rembourré) et turban, ou en costume-cravate - qu'il porte rarement - ses photos sont accompagnées de "Welcome" en dari et en anglais.

Son retour a été plusieurs fois annoncé, sans suite, depuis son départ et discuté entre les présidents afghan Ashraf Ghani et turc Recep Tayyip Erdogan.

D'ethnie ouzbèke, âgé d'une soixantaine d'années, Dostum collectionne depuis des décennies les faits de guerre et les pires exactions - comme la mort de 2.000 talibans enfermés dans des conteneurs en 2001. 

Une enquête a été ouverte à son encontre en janvier 2017 par la justice afghane sous pression des Occidentaux après qu'il eut ordonné à sa garde personnelle de capturer son rival Ahmad Ishchi, un ancien gouverneur alors âgé de 63 ans, de l'avoir séquestré dans sa propriété, puis fait torturer et sodomiser avec un fusil d'assaut AK-47.

- Indignation -

A l'époque, le ministère de la Justice avait promis "une enquête impartiale et transparente sur ces faits". 

Embarrassé, car Dostum est vice-président d'un pouvoir aux équilibres délicats, Ashraf Ghani avait dû se résoudre à cette enquête après l'indignation de responsables des Etats-Unis, de l'Union européenne et du Canada.

Dostum est le deuxième chef de guerre afghan à regagner la capitale avec les honneurs. 

En mai 2017, Gulbuddin Hekmatyar, surnommé par la presse "le boucher de Kaboul" pour l'avoir martyrisée par des bombardements sans merci dans les années 90, avait regagné la capitale afghane après 20 ans d'absence au terme d'un accord avec le gouvernement d'Ashraf Ghani lui garantissant l'impunité.

Le gouvernement afghan se trouve dans une situation délicate au nord avec la poussée du groupe Etat islamique dans la province de Jawzjan, le fief de Dostum et celle des talibans dans la province de Faryab. 

Des troubles civils ont en outre récemment éclaté, faisant plusieurs morts, après l'arrestation début juillet d'un proche de Dostum, Nizamuddin Qaisari, commandant de la police locale également à la tête d'une milice de plusieurs milliers d'hommes. Accusé d'insultes et menaces de mort envers les autorités, il a été transféré à Kaboul, déclenchant une série de manifestations dans la province de Faryab.

Depuis la Turquie, le général Dostum avait dénoncé l'arrestation de son allié "sur la base d'accusations fallacieuses" et prévenu que la défense du nord et celle de la province de Faryab "risque désormais de s'effondrer" face aux insurgés talibans et de l'EI.

"Nous sommes dans la rue depuis 20 jours maintenant, le gouvernement essaie de nous faire taire, mais nous allons continuer jusqu'à ce que Dostum lui-même vienne nous dire d'arrêter", a indiqué dimanche à l'AFP un des organisateurs des protestations et responsable-adjoint du parti de Dostum, le Junbish.

A l'approche des élections législatives d'octobre et présidentielle prévues en 2019, Ashraf Ghani a besoin de ramener un minimum de stabilité dans le pays mais ses offres de paix aux talibans sont restées jusqu'à présent sans effet.

AFP


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