Madagascar réprime une manifestation dans le sang

  22 Avril 2018    Lu: 2169
Madagascar réprime une manifestation dans le sang

L'opposition dénonce des lois électorales favorables au camp au pouvoir. La protestation gronde. Les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles.

Au moins une personne a été tuée - quatre, selon l'opposition - et seize blessées samedi à Madagascar, dans des affrontements à Antananarivo entre les forces de l'ordre et des milliers d'opposants. Ceux-ci ont dénoncé de nouvelles lois électorales au cours d'une manifestation interdite.

Les victimes ont été atteintes lorsque la foule a débordé les policiers et militaires déployés, à l'issue d'un face-à-face tendu de trois heures sur la place du 13 mai, lieu historique de toutes les grandes manifestations dans la capitale. Les forces de l'ordre avaient auparavant tiré des gaz lacrymogènes contre les manifestants, qui ont répliqué en lançant des pierres.

L'opposition a fait état de quatre morts, tués par balle. Les autorités n'avaient pas réagi en fin d'après-midi. La manifestation avait été interdite par les autorités, mais l'opposition avait appelé à la maintenir pour dénoncer l'adoption récente de lois électorales controversées à quelques mois des élections générales.

Elle était organisée dans un climat politique délétère où l'opposition accuse le régime du président Hery Rajaonarimampianina de vouloir la museler, à quelques mois des élections présidentielle et législatives prévues pour la toute fin de l'année.

Deux anciens se représentent

Les députés de l'opposition dénoncent notamment la récente adoption de lois électorales qui, selon elles, favorisent le camp du pouvoir. Lors d'un débat très tendu à l'Assemblée, ils ont accusé le gouvernement d'avoir acheté certains élus pour les faire voter.

Elu en 2013, Hery Rajaonarimampianina n'a pas encore annoncé s'il allait briguer un second mandat. En revanche, deux anciens chefs de l'Etat ont déjà laissé entendre qu'ils se présenteraient: Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014. Tous les deux avaient été interdits de candidature en 2013.

Marc Ravalomanana avait été renversé en 2009 après une mutinerie de l'armée qui avait permis à Hery Rajoelina, alors maire d'Antananarivo, de devenir président non élu d'une transition jusqu'en 2014. L'arrivée au pouvoir de Hery Rajaonarimampianina a mis un terme aux crises politiques à répétition dans la Grande Ile.


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