7 risques géopolitiques qui représentent un danger pour les marchés en 2018

  06 Janvier 2018    Lu: 1767
7 risques géopolitiques qui représentent un danger pour les marchés en 2018
Manifestations mortelles en Iran, escalade verbale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, incertitudes continues en Allemagne... La première semaine de l'année 2018 est déjà chargée en tensions géopolitiques.
Et d'après le politologue américain Ian Bremmer, cela ne devrait pas beaucoup changer dans les 12 prochains mois.

A l'occasion de la présentation de l'édition 2018 de son illustre étude annuelle "Top Risks", le 2 janvier 2018, le fondateur de la société de conseil Eurasia Group, a déclaré:

"L'année 2018 présente l'environnement avec les plus dangereux risques géopolitiques (...) depuis 20 ans."

Parmi les risques cités figurent l'insécurité en Afrique, le protectionisme en Chine et aux Etats-Unis, les conséquences du Brexit, une guerre froide technologique, le manque de confiance généralisé dans les institutions, la montée du nationalisme en Asie du sud-est et les tensions entre l'Iran et les Etats-Unis.

Certains de ces risques auront des conséquences sur les marchés et les investisseurs, même si ces derniers entament la nouvelle année sur une note plutôt optimiste après une année 2017 record.

Dans sa note de perspective pour 2018, la société de gestion d'actifs Allianz Global Investors constate que:

"près de trois investisseurs sur cinq ont déclaré que les événements politiques récents les avaient incités à renforcer leur gestion du risque. La géopolitique représente désormais le principal risque pour les investisseurs, et son potentiel de déstabilisation de l’économie mondiale est intact pour 2018."

Voici les principaux risques géopolitiques qui planent sur l'économie en 2018.

1. Angela Merkel affaiblie en Allemagne

Réélue depuis le 24 septembre dernier, la chancelière allemande attaque l'année 2018 sans avoir formé de nouveau gouvernement. Le scénario qui se dessine — un retour de la grande coalition avec les socialistes du SPD — a des airs de "fin de règne", soulignent Les Echos. L'alternative serait de former un gouvernement minoritaire. Dans les deux cas, Angela Merkel aura beaucoup de mal à imposer ses positions, notamment pour réformer la zone euro avec Emmanuel Macron.

Dans ses prédictions pour 2018, le cabinet de conseil A.T. Kearny prévient ainsi que les questions de "politique intérieure en Allemagne et en France mettront un terme précoce à la lune de miel du couple 'Merkron'" en 2018. Résultat: "les visions audacieuses d'Emmanuel Macron pour une Union européenne plus intégrée et innovante échoueront à se réaliser pleinement en 2018."

2. Difficiles négociations sur le Brexit

En 2018, le Royaume-Uni et l'Union européenne vont continuer à discuter des conditions de sortie du premier du second dans le cadre du "Brexit". Et chaque rebondissement sera un indicateur scruté attentivement par les investisseurs.

A.T. Kearney prévient: "des négociations difficiles relèveront le risque d'un Brexit dur début 2019":

"En 2018, les négociateurs du Brexit feront quelques progrès mais pas assez pour exclure un possible 'Brexit dur' en mars 2019 à l'échéance de l'Article 50, prolongeant l'incertitude pour les entreprises et les individus. (...) La volatilité sur les marchés financiers et les marchés des changes va se poursuivre toute l'année tant que les investisseurs seront suspendus aux rumeurs et déclarations des tours successifs de négociation, et le Brexit continuera de peser sur la performance économique du Royaume-Uni."

Le cabinet de conseil en déduit que les entreprises avec des activités au Royaume-Uni vont se préparer à un Brexit dur et "déménager leurs chaînes logistiques hors du Royaume-Uni."

Pour Ian Bremmer et Eurasia Group, il y a un risque particulier au niveau de la frontière avec l'Irlande, un des points d'achoppement dans les négociations:

"Il faut qu'il y ait une forme de frontière après que le Royaume-Uni quitte l'UE, même si un alignement règlementaire est convenu entre les parties irlandaises. Mais tout arrangement particulier pour l'Irlande du Nord créerait un dangereux précédent, que d'autres régions du Royaume-Uni pourraient vouloir réclamer."

Parmi ces "autres régions": la City de Londres, qui joue son statut de place forte financière européenne avec le Brexit.

Enfin, le gestionnaire d'actifs Allianz Global Investors s'intéresse à un troisième effet de ricochet possible sur l'économie lié à la question du Brexit:

"La Banque d’Angleterre [qui a relevé ses taux pour la première fois depuis 10 ans en 2017] sera-t- elle davantage influencée par l’inflation liée au Brexit, ou par le recul de la croissance lié au Brexit ? Dans les deux cas, 2018 devrait être une année difficile pour le consommateur britannique."

3. Elections en Italie le 4 mars

Le 4 mars prochain se tiendront les élections législatives en Italie, un an après le rejet de la plus importante réforme constitutionnelle de l'après-guerre proposée par Matteo Renzi.

D'après Reuters, "les enquêtes d'opinion montrent que ce scrutin pourrait aboutir à une situation de blocage, aucune formation n'étant en mesure de dégager une majorité absolue, ce qui devrait encore accentuer l'instabilité politique dans le pays."

En attendant, les partis "anti-establishment" font campagne sur un sentiment d'hostilité envers l'euro et évoquent une sortie de la monnaie unique.

Dans ses prévisions annuelles 2018, le spécialiste du renseignement Stratfor estime ainsi que: "les élections générales en Italie vont générer de l'incertitude sur l'avenir de la zone euro. Quand bien même le pays ne quittera pas la zone euro dans l'année, son prochain gouvernement militera pour obtenir l'autorisation de doper les dépenses publiques."

Début décembre, Allianz Global Investors estimait même que "la situation de surendettement de l'Italie et la faiblesse de son adhésion à l'euro constitueront le principal risque politique dans la zone euro en 2018. "

Dans ses Perspectives 2018, Allianz GI ajoute: "les prochaines élections en Italie comportent un risque d'événement extrême menaçant la stabilité européenne, alors que le pays se débat sous le fardeau de sa dette."

4. Elections au Brésil, au Mexique et en Russie

De nombreuses autres échéances électorales vont perturber l'année économique 2018. Dans ses "30 risques pour les marchés en 2018", Deutsche Bank cite les élections italiennes, mais aussi les présidentielles russes et irlandaises ainsi que des scrutins locaux au Royaume-Uni.



Il y a aussi des échéances électorales en Amérique latine. Au Brésil, "la résolution des problèmes budgétaires de Brasilia dépendra beaucoup du président élu en octobre", écrivent Les Echos.

Au Mexique, les élections présidentielles s'entrechoqueront avec la renégociation de l'Alena. Selon Ian Bremmer, si Donald Trump va jusqu'au bout de ses annonces et sort de l'Alena, "cela créera une incertitude pour des milliards de dollars d'activité économique dans la région la plus prospère au monde".

Et s'il y aura des effets des côtés de la frontières, "l'économie mexicaine et ceux qui y ont investi souffriront de manière disproportionnée vu la profonde dépendance du pays sur le commerce avec les Etats-Unis." Ce risque pour les marchés serait amplifié si l'un des candidats à la présidentielle, l'anti-Américain Andres Manuel Lopez Obrador, dit AMLO, l'emportait, estime Eurasia Group.

5. L'Iran

Depuis le début de l'année, une vague de contestations secoue l'Iran. Le président américain Donald Trump n'a pas pu s'empêcher de tweeter sur le sujet et brandit la menace de nouvelles sanctions, contre le régime iranien et ses représentant impliqués dans la répression du mouvement, rapporte La Tribune.

Or, l'Iran est le troisième pays producteur de pétrole de l'OPEP. Dans une note citée par Reuters, l'analyste de SEB Bjarne Schieldrop explique: "les risques géopolitiques sont clairement de retour sur l'agenda du brut après en avoir été quasiment totalement absent depuis que le marché du pétrole est devenu excédentaire pendant la seconde moitié de 2014."

Allian Global Investors prévient: "Des tensions imprévues pourraient provoquer une flambée des prix du pétrole. Selon nous, le pétrole est généralement sous-représenté au sein des portefeuilles."

Aux tensions intérieures s'ajoutent donc toujours les relations avec les Etats-Unis qui ont maintenu les sanctions commerciales sur le pays malgré l'accord sur le nucléaire. Dans ses prévisions annuelles 2018, Stratfor estime que "l'Union européenne, la Chine, la Russie et l'Inde ne suivront pas intégralement les tentatives américaines de réintroduire des sanctions contre le secteur énergétique de l'Iran. Mais si l'accord nucléaire s'effondre, les producteurs de pétrole pourraient renoncer plus tôt que prévu à leur réductions de production alors que l'Arabie saoudite et la Russie voudront agir rapidement pour compenser la perte des contributions iraniennes sur le marché."

6. La Corée du Nord

De Ian Bremmer à Deutsche Bank, la Corée du Nord reste un risque pour la plupart des observateurs en ce début d'année.
"Les tensions restent élevées avec la Corée du Nord", a aussi écrit Keith Lerner, stratégiste de marché et directeur exécutif de SunTrust Advisory Services, dans sa note de prévisions pour 2018 citée par Reuters.

Certes, prévient Stratfor, "les Etats-Unis vont probablement essayer d'éviter de coûteuses attaques préventives contre le programme nucléaire iranien qui risquent de replonger l'économie mondiale dans la récession."

Mais les derniers tweets rageur du président américain Donald Trump rappellent qu'il ne faut rien exclure tout à fait. L'instabilité dans la région et les stratégies envisagées pour contenir la menace nucléaire coréenne pourraient affecter les accords commerciaux dans la région.

7. Elections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre 2018

"Si les républicains perdent la Chambre [des représentants] ou le Sénat, ou les deux, ce sera probablement très négatif pour les marchés (...) qui commenceraient à s'inquiéter d'un coup d’arrêt pour l'agenda de Trump", estime John Praveen, responsable des stratégies d’investissement de Prudential International Investment Advisers LLC, cité par Le Figaro.

Pour Allianz Global Investors, "le projet de réforme fiscale du président Donald Trump constitue un point de discorde avant les élections de mi-mandat, en novembre. Ces élections représenteront une nouvelle période critique pour les Républicains, ainsi qu’un test décisif pour la popularité de M. Trump."

Business Insider France

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