Un G20 dominé par la crise syrienne

  14 Novembre 2015    Lu: 613
Un G20 dominé par la crise syrienne
La Turquie se prépare à accueillir le sommet du G20, ce dimanche, à Antalya. Les chefs d`Etat et de gouvernement présents ont deux jours pour faire le tour des multiples questions inscrites à leur agenda : cela va de la Syrie à l`économie en passant par le climat.
D’ordinaire le G20 est surtout préoccupé par les dossiers économiques, mais cette édition 2015 sera dominée par la guerre en Syrie. En raison du lieu où il se déroule, la Turquie, voisine de la Syrie. Mais aussi en raison de l`actualité : la question du terrorisme, par exemple, fera l`objet d`une déclaration à part à l`issue du sommet. Cela s`est imposé après l`attentat qui a fait une centaine de morts, il y a un mois à Ankara.

Le président Erdogan, obsédé par la création d’un Etat kurde aux portes de la Turquie, a longtemps été ambigu dans la lutte contre l’organisation de l’Etat islamique (EI), mais il a récemment infléchi sa position. Selon le politologue Ali Kazancigil – responsable de la revue de géopolitique Anatolie « maintenant, il commence à bombarder Daech, à expulser ou arrêter les membres des cellules dormantes de Daech en Turquie ». Cette inflexion de la position turque pourrait aussi rehausser la cote externe de l’hôte de ce G20.

Les électeurs lui ont récemment renouvelé leur confiance, en revanche à l’étranger l’image du président turc a été ternie par l’évolution de son régime islamo-conservateur. Il y a quelques années, la Turquie était considérée comme un modèle de démocratie et de prospérité dans la région, mais Recep Erdogan a dilapidé ce capital de sympathie. D’après Ali Kazancigil il « se comporte de plus en plus en autocrate, la justice est contrôlée, il a relancé une guerre contre les Kurdes alors que des négociations étaient en cours ». Même analyse de l’éditorialiste Ameth Insel : le G20 donne à Recep Erdogan « l’occasion de regagner du prestige international ».

Réfugiés syriens, climat et... gros sous

La Syrie sera surtout abordée dans les entretiens en marge des plénières dans des formats qui restent à définir. Cela dépendra de la bonne volonté des participants. Quasiment tous les dirigeants impliqués en Syrie, ou concernés, sont là : Vladimir Poutine, Barack Obama, le président Erdogan, le président Hollande et le souverain saoudien.

Il sera aussi question au G20 du sort des réfugiés syriens en particulier. Deux millions deux cent mille Syriens ont fui en Turquie. D`autres sont installés dans les pays voisins et bien sûr de plus en plus en Europe. A Antalya, on va parler gros sous, car les pays d`accueil, comme les organisations internationales, manquent de moyens pour faire face à cet afflux inédit. Céline Schmidt, la porte-parole du le Haut commissaire de l`ONU pour les réfugiés (HCR), explique que le budget de son organisation est passé cette année à 7,2 milliards de dollars pour faire face, et pour le moment seulement 40% des dépenses sont couvertes. « Ce qui est important, dit-elle, c’est de repenser l’aide humanitaire et le développement. On voit qu’il y a un épuisement des ressources. Et donc il faut repenser le financement de l’humanitaire et le développement ».

Les inquiétudes sur le ralentissement de la croissance sont aussi à l`ordre du jour. Mais on est loin des tensions de l’après-crise de 2008. Face au ralentissement de la Chine qui a contaminé les autres pays émergents, y compris la Turquie « le G20 va répéter qu’il faudrait relancer la croissance mondiale, suppose l`économiste Christian de Boissieu, enseignant à la Sorbonne, je n’attends pas des miracles par rapport au sommet des années précédentes, la priorité cette année, c’est la Cop 21 ».

Le climat sera abordé au cours du déjeuner de dimanche et il fera l’objet d’un paragraphe spécial dans la déclaration finale. Reste à savoir si les 20 iront jusqu’à se prononcer en faveur d’un accord contraignant après le couac de John Kerry. Le vice-président américain a affirmé dans le Financial Times qu’il ne saurait y avoir de traité à la conférence de Paris. Le G20 est une enceinte pertinente pour discuter climat puisque les pays membres de ce groupe représentent à eux seuls 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Pour le moment les ONG trouvent que ces 20-là n`en font pas assez. « Il nous reste 15 jours, il faut tout donner, recommande Mathieu Orphelin, le porte-parole de la fondation Hulot. Et pour le moment ceux qui n’en font pas encore assez, ce sont les pays du G20. Par exemple, l’Australie, la Russie, le Canada (…) Les pays hors G20 ont fait des contributions très intéressantes, ambitieuses, aux pays du G20 d’être à la hauteur ».

Ce week-end à Antalya représente la dernière grande occasion pour rapprocher les positions des pays les plus avancés, avant la conférence de Paris qui démarre le 30 novembre.

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