Opinion |  Les gazoducs TANAP et TAP sont d'importances vitales pour l'avenir de l'approvisionnement européen

  24 Décembre 2021    Lu: 3948
  Opinion |   Les gazoducs TANAP et TAP sont d

Par Emmanuel Dupuy

La question de l'indépendance énergétique de l'UE sera un des éléments structurants de la prochaine présidence française du Conseil de l'UE (1er janvier - 30 juin 2022). Il s'agit là d'une des dimensions du pilier "Puissance" (aux côtés des deux autres "Relance" & " Appartenance"). C'est d'autant plus vrai que 53% du total des importations européennes de GNL (183 milliards de m3) provient de Gazprom.

Dans ce contexte, les gazoducs alternatifs à ceux de la compagnie gazière russe, Gazprom (Blue Stream, North Stream 1 & 2) et turc, Botas (TurkStream), notamment ceux transitant à travers le Caucase du Sud, d'Azerbaïdjan à la Turquie, à savoir le Trans-Anatolian Natural Gaz Pipeline (TANAP) puis à travers les pays d'Europe du Sud-est, via le Trans-Adriatic Natural Gaz Pipeline (TAP) sont d'importances vitales pour l'avenir de l'approvisionnement européen. Alors que l'UE cherche à limiter sa dépendance envers la société Gazprom, et que celle-ci sera arbitrairement empêchée d'utiliser le TAP d'ici 2045, la participation de la compagnie azerbaïdjanaise, Socar aux côtés d'entreprises européennes (notamment TotalEnergies, ENI, BP, OMV, Shell, Repsol...) participe de cette diversification stratégique. Par ailleurs, tout en cherchant à abandonner progressivement le Gaz naturel liquéfié (GNL) d'ici 2049, au profit de l'hydrogène, l'UE cherche à nouer des partenariats solides et pérennes avec des compagnies, qui se sont engagées, elles aussi, dans une logique de mix énergétique.

Le Gaz naturel qui transite par l'Azerbaïdjan, provenant des pays d'Asie centrale (Turkménistan, Kazakhstan, aujourd'hui...Iran et Afghanistan demain) à travers la mer Caspienne, offre ainsi une formidable alternative à la double dépendance turque et russe, à travers la mer Noire. Cette réalité est ainsi un argument supplémentaire en faveur d'une réelle et mutuelle coopération trans-caucasienne, associant autant l'Arménie à l'Azerbaïdjan, ainsi que la Géorgie, bien évidemment.

Le cessez-le-feu du 10 novembre 2020, malgré quelques reprises sporadiques des hostilités, ainsi que les récents rapprochements entre le Premier ministre arménien, Nikol Pashynian et le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, sous l'égide du président Français, Emmanuel Macron, à l'aune du récent Sommet du Partenariat Oriental, à Bruxelles, sont ainsi de nature à œuvrer à cette interconnexion entre l'UE et son voisinage oriental. La mise en place du projet "Global Gateway" mobilisant quelque 300 milliards d'euros, en cherchant à rivaliser avec le projet chinois des "nouvelles routes de la Soie" (Belt and Road Initiative - BRI) ainsi que celui plus ancien - 2015 - du programme "3EU Seas" ou également appelé Baltic, Adriatic Black Sea (BABS) confirme la "centralité stratégique" caucasienne, notamment quand il s'agit d'indépendance énergétique.

La conférence de presse traditionnelle de fin d’année du président russe, Vladimir Poutine est venue confirmer que le « diktat » de Gazprom sur le prix du m3 de gaz rendait le dialogue avec Moscou inévitable. Mieux vaudrait ainsi pour les pays européens s’appuyer sur des partenaires tiers, partenaires plus intégrés avec Moscou, pour pouvoir ainsi mieux négocier les prix à la baisse. Il s’agit ainsi de veiller à garantir des contrats à plus longue échéance que ne le préconise actuellement le régulateur européen sur l’énergie, qui s’appuie - de manière trop doctrinale - sur la fluctuation du prix des marchés. Cette réalité géo-économique - si pénible soit-elle pour l’égo européen - conforte encore davantage le rôle que l’Azerbaidjan pourrait jouer sur le long terme, au profit de l’UE.

Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) pour AzVision.az

Azvision.az


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