L'administration américaine suspend les forages de pétrole dans une zone protégée de l'Arctique

  02 Juin 2021    Lu: 582
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Les compagnies pétrolières et dirigeants de l'Alaska poussent depuis une trentaine d'années pour exploiter les ressources de ce refuge national, arguant que cela permettrait de créer des emplois et de générer des revenus pour cet État

L'administration américaine a interdit temporairement mardi 1er juin tout forage de pétrole ou de gaz dans le refuge national de la faune arctique où vivent notamment des ours et des caribous, en Alaska, renversant ainsi l'une des dernières décisions du gouvernement de Donald Trump.

Le ministère de l'Intérieur souhaite conduire une «analyse complète» des conséquences environnementales de concessions attribuées début janvier, soit deux semaines avant l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, pour exploiter des parcelles dans la plus grande zone naturelle protégée des États-Unis. En fonction des résultats, l'administration décidera de maintenir les concessions en l'état, de les annuler ou d'imposer des mesures supplémentaires pour protéger l'environnement dans cette région qui abrite également des loups et des oiseaux migratoires.

Les compagnies pétrolières et dirigeants de l'Alaska poussent depuis une trentaine d'années pour exploiter les ressources de ce refuge national, arguant que cela permettrait de créer des emplois et de générer des revenus pour cet État. Conformément à un texte voté fin 2017 par le Congrès américain, le ministère de l'Intérieur avait approuvé en août un programme ouvrant la voie à des forages sur 6.500 kilomètres carrés d'une zone côtière longeant l'océan Arctique. Le refuge couvre au total plus de 78.000 kilomètres carrés. Un appel d'offres lancé en décembre avait conduit, le 6 janvier, à l'attribution de neuf parcelles à l'agence gouvernementale Alaska Industrial Development and Export Authority (AIDEA) et de deux parcelles à deux petites entreprises. Deux parcelles décrochées par l'AIDEA avaient par la suite été retirées, selon les résultats définitifs dévoilés dans un communiqué diffusé le 19 janvier, deux jours avant le départ de Donald Trump.

Équilibre instable
Joe Biden avait assuré lors de sa campagne qu'il prendrait des mesures pour garantir de façon permanente la protection du refuge et avait imposé un moratoire dans un décret le jour de son arrivée dans le Bureau ovale. La décision annoncée mardi «est une étape importante» dans la réalisation de cette promesse, a commenté la conseillère nationale au climat, Gina McCarthy. «Le président Biden estime que les trésors nationaux sont des éléments essentiels de la culture et de l'économie du pays, et il est reconnaissant de l'action rapide du ministère de l'Intérieur» sur une décision «prise dans les derniers jours de la précédente administration», a-t-elle ajouté.

Peu après sa prise de fonctions, le président démocrate avait aussi proclamé un moratoire sur l'octroi de nouvelles concessions pour des forages pétroliers et gaziers sur les terres et les eaux appartenant au gouvernement. Son administration est toutefois en équilibre instable, entre les promesses de protection de l'environnement et les pressions économiques. Le ministère de la Justice a ainsi défendu la semaine dernière un projet d'exploitation pétrolière et gazière proposée par ConcoPhilipps dans une autre zone de l'Alaska autorisé sous l'administration Trump, estimant qu'il était «raisonnable» et respectait la loi.

Dans sa décision mardi, le ministère de l'Intérieur souligne avoir repéré «de multiples lacunes juridiques» dans la procédure ayant conduit à l'attribution des concessions, dont une analyse «insuffisante» au regard de la réglementation sur l'environnement. Saluant un «pas dans la bonne direction» et la conduite d'une étude «qui donne la priorité à la science et à une consultation adéquate des populations autochtones», la Ligue pour la nature en Alaska a toutefois estimé qu'il fallait encore annuler complètement les concessions.

La puissante fédération américaine des hydrocarbures, API, a de son côté regretté la décision. «Les politiques visant à ralentir ou à arrêter la production de pétrole et de gaz naturel sur les terres et les eaux fédérales se révéleront en fin de compte préjudiciables à notre sécurité nationale, au progrès environnemental et à la force économique», a commenté l'un de ses responsables, Kevin O'Scannlain, dans un message transmis à l'AFP.

AFP


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