Les Verts allemands désignent leur candidat à la chancellerie

  19 Avril 2021    Lu: 2128
Les Verts allemands désignent leur candidat à la chancellerie Julian Stratenschulte/AFP via Getty Images

Le comité exécutif des Verts doit trancher entre Annalena Baerbock et Robert Habeck et nommer celle ou celui qui, pour la première fois dans l'histoire de ce parti quadragénaire, sera leur candidat pour diriger le gouvernement issu des élections du 26 septembre

Face à des conservateurs enferrés dans une lutte de pouvoir, les Verts allemands désignent lundi 19 avril leur candidat à la chancellerie, cinq mois avant les législatives à l'issue desquelles, galvanisés par leur popularité actuelle, ils espèrent entrer au gouvernement, voire le diriger. Une femme de 40 ans, juriste spécialiste de droit international et ancienne athlète de trampoline, ou un homme de 51 ans, docteur en philosophie, auteur de romans et ancien ministre régional? Le comité exécutif des Verts doit trancher entre Annalena Baerbock et Robert Habeck et nommer celle ou celui qui, pour la première fois dans l'histoire de ce parti quadragénaire, sera leur candidat pour diriger le gouvernement issu des élections du 26 septembre.

Jusqu'ici, l'ex-enfant terrible de la politique allemande aujourd'hui largement assagi se contentait de désigner deux chefs de file pour les campagnes des législatives, mais jamais de candidat à la chancellerie. Cette fois-ci, ce sera l'un des deux codirigeants qui se lancera dans la bataille. A la différence des conservateurs, qui se déchirent en interne pour la succession d'Angela Merkel, les Verts ont joué la carte de l'harmonie. Les deux codirigeants ont promis de se mettre d'accord entre eux et s'efforcent en public de gommer toute éventuelle rivalité, faisant dire au Spiegel qu'ils se livrent à «une lutte de pouvoir sans combat». «Je crois qu'aucun de nous n'a du mal à dire: «Tu es celui ou celle qu'il faut» pour mener la campagne», expliquait récemment Annalena Baerbock, dans une interview conjointe au Spiegel, tout en concédant que ce serait quand même «à la fin un petit coup au cœur».

L'enjeu est de taille pour les Verts, que tous les sondages désignent actuellement comme probable deuxième force politique à l'issue du scrutin, derrière l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel mais devant les sociaux-démocrates du SPD. Crédités de 20% à 23% des intentions de vote, ils talonnent la CDU (27% à 28%) en pleine dégringolade et déboussolée par le prochain retrait de la chancelière de la vie politique. Parmi les coalitions possibles qui pourraient émerger du scrutin: celle d'une alliance avec les seuls conservateurs ou une autre, inédite au niveau fédéral, avec le SPD et le parti libéral FDP.

Une «piqure de vitamines»
Jusqu'ici les Verts n'ont été que partenaires minoritaires dans une coalition gouvernementale dirigée par le social-démocrate Gerhard Schröder, entre 1998 et 2005. Plébiscités lors des Européennes il y a deux ans où ils ont dépassé les 20% de voix, les Verts participent à l'heure actuelle à 11 des 16 gouvernements régionaux et viennent d'être réélus haut la main à la tête de l'un des États régionaux les plus prospères, le Bade-Wurtemberg, cœur de l'industrie automobile. Preuve de leur popularité auprès d'une population préoccupée par les enjeux climatiques, leur nombre d'adhérents a bondi de plus de 50% entre 2016 et 2019.

Alors qui d'Annalena Baerbock, réputée pour sa pugnacité et sa connaissance affûtée des dossiers, ou de Robert Habeck, charismatique et bon orateur, ministre régional du Schleswig-Holstein pendant dix ans, l'emportera? Parmi les sympathisants Verts, c'est Annalena Baerbock qui fait la course en tête. Quelque 45% d'entre eux se disent prêts à voter pour elle, contre 35% pour Robert Habeck. Dans un parti se revendiquant féministe et qui a toujours donné la priorité à une candidature féminine face à une autre masculine, Annalena Baerbock dispose d'un avantage. Parmi les représentants des grands partis, elle serait qui plus est la seule femme, jeune, face à des hommes, pour certains plus que sexagénaires comme Olaf Scholz pour le SPD.

En attendant, le duo, aux commandes des Verts depuis plus de trois ans, a déjà présenté son programme électoral dans lequel, selon Robert Habeck, les Grünen promettent «une piqûre de vitamines» à l'Allemagne.

AFP


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