Londres: une enquête publique s'ouvre pour déterminer le rôle joué par la pollution de l'air dans la mort d'une fillette

  30 Novembre 2020    Lu: 367
Londres: une enquête publique s

Selon des chiffres de la mairie de Londres, 99% de la ville dépasse les limites recommandées par l'OMS en termes de pollution de l'air.

Une enquête publique s'ouvre lundi 30 novembre à Londres pour déterminer le rôle joué par la pollution de l'air dans la mort d'une fillette vivant près d'un axe très fréquenté de Londres, une affaire susceptible de créer un précédent.

Alors âgée de neuf ans, Ella Adoo-Kissi-Debrah est décédée le 15 février 2013 d'une grave crise d'asthme après près de 3 ans de crises répétées et plus de 30 hospitalisations liées à cette maladie. Une première enquête, en 2014, a déterminé qu'elle était morte d'une insuffisance respiratoire aiguë causée par un asthme sévère. Mais ces conclusions ont été annulées en 2019 et une nouvelle enquête a été ordonnée en raison de nouveaux éléments concernant les risques de la pollution de l'air, soulignés dans un rapport en 2018.

Cette deuxième enquête, qui débute lundi et durera deux semaines, examinera les niveaux de pollution auxquels Ella a été exposée et déterminera s'ils ont provoqué sa mort. Si le coroner, chargé d'identifier la raison du décès, conclut que la pollution de l'air a directement causé la mort d'Ella, cela créerait un précédent. La fillette serait la première personne au Royaume-Uni dont la cause reconnue du décès est la pollution de l'air.

Ella vivait à moins de 30 mètres du South circular, une voie très empruntée et régulièrement embouteillée du sud londonien. En 2018, le professeur Stephen Holgate, expert britannique en pollution de l'air, a noté un «lien frappant» entre les hospitalisations en urgence d'Ella et les pics enregistrés de dioxyde d'azote (NO2) et de particules en suspension, les polluants les plus nocifs.

L'enquête examinera d'éventuels manquements des autorités à prendre des mesures pour réduire la pollution et informer le public sur les risques pour la santé. Des responsables des ministères des Transports, de l'Environnement et de la Santé seront entendus, ainsi que le professeur Holgate.

La mère d'Ella, Rosamund Adoo-Kissi-Debrah, témoignera pendant la deuxième semaine de l'enquête. «Cela fait bientôt huit ans qu'Ella est décédée et ce fut un long et difficile combat pour obtenir cette enquête, avec des obstacles sur la route. Je veux que justice soit rendue pour Ella et que la véritable cause de sa mort soit inscrite sur son certificat de décès», a déclaré Rosamund Adoo-Kissi-Debrah dans un communiqué, avant l'ouverture de la deuxième enquête. «Elle était la vie et l'âme de notre foyer - toujours en train de jouer de la musique, de danser avec mon autre fille Sophia. Elle a eu beaucoup d'influence sur ses jeunes frères et soeurs, les encourageant à réussir, leur faisant faire du sport», a-t-elle témoigné. Son avocate, Jocelyn Cockburn, a estimé que cette nouvelle enquête représentait une «importante victoire».

Selon des chiffres de la mairie de Londres, 99% de la ville dépasse les limites recommandées par l'OMS en termes de pollution de l'air. Le mois dernier, la directrice exécutive du Clean Air Fund, Jane Burston, a relevé «que les enfants de Londres sont 4,2% plus susceptibles d'être hospitalisés pour asthme les jours où la pollution au dioxyde d'azote est élevée».

Le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, a indiqué le mois dernier, chiffres à l'appui, que la qualité de l'air s'était améliorée depuis 2016. Il a mis en avant les mesures mises en place depuis son élection, dont l'entrée en vigueur l'an dernier d'une «zone à ultra basse émission» (ULEZ) qui contraint les conducteurs des véhicules les plus polluants à s'acquitter d'une taxe quotidienne à son entrée. (AFP)


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