Lula lance son opération de reconquête dans le nord-est du Brésil

  17 Août 2017    Lu: 1294
Lula lance son opération de reconquête dans le nord-est du Brésil
L'ex-président brésilien Lula débute jeudi une tournée dans le nord-est du pays, région défavorisée où il demeure très populaire, pour affirmer son ambition d'un retour au pouvoir malgré une condamnation à une peine de prison pour corruption.

L'élection présidentielle n'a lieu qu'en octobre 2018 et de nombreux candidats potentiels se font discrets pour le moment, mais le temps presse pour l'icône de la gauche latino-américaine.

À 71 ans, Luiz Inacio Lula da Silva se trouve à la croisée des chemins. Condamné à près de dix ans de prison pour corruption, et laissé en liberté en attente du procès en appel, il mise sur son charisme pour un improbable come-back.

La tournée de trois semaines dans 28 villes est une sorte de retour aux sources pour Lula, né dans le Pernambouc, au coeur de cette région connue au Brésil sous le nom de Nordeste.

Sur ces terres arides, il a connu la faim. Il lui arrivait même de cirer des chaussures pour aider sa famille, avant d'émigrer à l'âge de sept ans vers Sao Paulo (sud-est), où il a travaillé comme ouvrier métallurgiste.

La "Caravane du Nordeste", qui démarre jeudi de Salvador de Bahia, tire son nom des "Caravanes de la Citoyenneté", qui avaient permis à l'ancien dirigeant syndical de sillonner 359 villes du pays entre 1993 et 1996.

- Héritage social -

Le Nordeste est une des régions ayant le plus bénéficié de l'ambitieuse politique sociale de Lula, qui a contribué à sortir des dizaines de millions de Brésiliens de la misère.

L'ex-président espère donc capitaliser sur cet héritage lors de sa tournée.

Au programme: visite d'universités fondées sous ses deux mandats (2003-2010) et réunions avec de petits agriculteurs "pour défendre les programmes sociaux démantelés", selon son service de presse, par le gouvernement du président conservateur Michel Temer.

"Lula est un candidat qui a besoin de contact direct avec les gens, de serrer des mains et d'embrasser des bébés, pour renforcer son image de leader messianique", explique à l'AFP Paulo Moura, spécialiste en marketing politique.

Quand il a quitté le pouvoir, en 2010, Lula était pratiquement intouchable, avec une cote de popularité à 80%, alors que le Brésil était en plein boom économique.

Mais aujourd'hui, la donne a considérablement changé. Le pays peine à se relever de deux années consécutives de récession, et la dauphine de Lula, Dilma Rousseff, a été destituée l'an dernier pour maquillage des comptes publics.

- Théorie du complot -

Lula lui-même a vu son image dégradée par les scandales de corruption.

Le 12 juillet, il a été condamné à 9 ans et six mois de prison par le juge Sergio Moro, qui s'est aussi attaqué à son portefeuille en gelant ses avoirs.

L'ex-président a été laissé en liberté le temps d'être jugé en appel dans de longs mois, mais pourrait se retrouver derrière les barreaux en cas de condamnation en deuxième instance - ce qui ruinerait définitivement son ambition présidentielle.

Visé par cinq autres procédures, Lula nie toutes les accusations en bloc et dénonce un complot pour l'empêcher de se présenter à l'élection de 2018, pour laquelle il est donné en tête des intentions de vote.

Mais les résultats sondages sont à prendre avec des pincettes: Lula suscite aussi un fort rejet, et son avantage risque de fondre comme neige au soleil quand d'autres candidats se lanceront officiellement dans la course.

Malgré toutes les polémiques, Lula est considéré comme le seul espoir du Parti des Travailleurs (PT), formation qu'il a fondée dans les années 80, de se relever de la défaite monumentale subie lors des élections municipales d'octobre dernier.

"Cette tournée dans le Nordeste a deux objectifs: jeter le discrédit sur la condamnation de Lula, en vendant l'idée qu'une figure si populaire ne peut pas finir en prison, et rallier les troupes du PT, qui a besoin de lui pour survivre", conclut Paulo Moura.

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