Yémen : l'épidémie de choléra progresse à grande vitesse

  22 Mai 2017    Lu: 473
Yémen : l'épidémie de choléra progresse à grande vitesse
"La vitesse de recrudescence de cette épidémie de choléra est sans précédent", a déclaré aux médias à Genève le représentant de l'OMS au Yémen, Nevio Zagaria.
L`épidémie de choléra, qui sévit au Yémen depuis fin avril, a fait 242 morts et le nombre de cas suspects a doublé en cinq jours passant de 11.000 à 23.425 cas suspects dans ce pays en guerre, a indiqué vendredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui craint jusqu'à 250.000 cas d'ici six mois.

Jeudi, 3.460 nouveaux cas suspects ont été recensés et 20 décès ont été imputés au choléra dans le pays, où environ deux tiers de la population souffrent de la faim, selon l'ONU.

"La vitesse de recrudescence de cette épidémie de choléra est sans précédent", a déclaré aux médias à Genève, par téléphone, le représentant de l'OMS au Yémen, Nevio Zagaria.

Médecins sans frontières estime que "sans réponse urgente appropriée, l'épidémie risque de devenir incontrôlable." Selon les informations recueillies par l'organisation internationale, l'épidémie touche 18 des 22 gouvernorats du pays. "L'épidémie actuelle et sa progression rapide sont extrêmement préoccupantes, dans un contexte où les capacités médicales des acteurs locaux sont limitées. [...] Outre le traitement des patients qui parviennent jusqu'aux structures médicales, il faut aussi s'attaquer aux sources de contamination, à travers des actions d’assainissement, de traitement des points d'eau et des activités de prévention", explique Ghassan Abou Chaar, chef de mission MSF au Yémen, dans un communiqué.

L'organisation précise que dans la plupart des structures de santé, il y a une pénurie de médicaments tels que perfusions et solutés de réhydratation orale.

Plan d'urgence

Le ton est tout aussi alarmiste du côté d'Action contre la Faim (ACF). "Nous sommes très inquiets", alerte Erin Hutchinson, directrice pays Yémen pour ACF, "la hausse spectaculaire du nombre de cas suspectés fait craindre une catastrophe humaine dans les prochaines semaines. Aujourd’hui le Yémen est à terre, autant dire que le pays ne peut pas absorber un choc comme celui-ci. Le système sanitaire yéménite est au bord de l'effondrement, cette crise l'illustre totalement."

Nevio Zagaria a expliqué que les agences de l'ONU se préparaient à lancer "un plan d'urgence contre le choléra" au Yémen dans les 48 prochaines heures, afin de multiplier le nombre de centres de traitement et de réhydratation.

Il a par ailleurs déploré le manque de fonds reçus pour venir en aide aux autorités du Yémen pour réparer les infrastructures.

"La vitesse (de propagation) de la maladie est trop élevée et ils ont besoin d'un appui substantiel, afin de réparer le réseau d'égouts" et de traiter et purifier le système sanitaire, a-t-il expliqué.

Crise humanitaire

Le choléra est une infection intestinale aiguë due à l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par le bacille Vibrio cholerae.

Pour les personnes qui manifestent des symptômes, ceux-ci restent bénins à modérés dans la majorité des cas, tandis que chez une minorité, une diarrhée aqueuse aiguë, s'accompagnant de déshydratation sévère, se développe. En l'absence de traitement, elle peut entraîner la mort très rapidement, selon l'OMS.

L'épidémie s'étend dans le pays où les installations hospitalières et les conditions d'hygiène se sont détériorées en raison de la guerre entre rebelles chiites houthis et forces loyalistes, soutenues depuis mars 2015 par une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite.

La guerre a provoqué une grave crise humanitaire au Yémen. Environ 19 millions d'habitants, soit environ deux tiers de la population, ont un besoin urgent d'aide humanitaire.

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