Mobilisation nationale contre la corruption

  26 Mars 2017    Lu: 747
Mobilisation nationale contre la corruption
80 villes brésiliennes devraient voir défiler dimanche des citoyens exaspérés par les scandales qui s'empilent.
Des manifestations contre la corruption sont prévues dimanche dans plus de 80 villes brésiliennes, alors que le scandale de la viande avariée a rajouté à l'exaspération des habitants, déjà lassés par les affaires à répétition.

Les organisateurs s'attendent à une grande mobilisation «contre l'impunité», mot d'ordre du mouvement Vem Pra Rua (VPR).

Ce groupe, dont le nom signifie «Sors dans la rue», a déjà mobilisé des millions de personnes ces dernières années, contribuant notamment à la chute de la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée en 2016 pour maquillage des comptes publics.

Depuis, les scandales ont continué à secouer la politique brésilienne, au rythme des révélations explosives de l'enquête sur le trucage des marchés publics de la compagnie pétrolière d'État Petrobras, par le biais d'un vaste système de pots-de-vins alimentant entre autres les caisses noires des partis.

Fuites

Il y a deux semaines, le procureur général Rodrigo Janot a demandé l'ouverture de 83 nouvelles enquêtes.

Les noms des personnes citées dans la «liste Janot» n'ont pas été dévoilés officiellement, mais plusieurs médias locaux évoquent six ministres du gouvernement du président conservateur Michel Temer, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement.

Ont aussi été cités les deux derniers présidents de la République, Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), icône de la gauche, déjà inculpé dans plusieurs volets de l'enquête, et sa dauphine Dilma Rousseff (2011-2016).

Récession historique

Dernier scandale en date: l'opération «Chair faible», un coup de filet qui a démantelé vendredi un vaste réseau de corruption d'inspecteurs des services d'hygiène, soudoyés par des entreprises du secteur agro-alimentaire pour certifier de la viande avariée comme étant propre à la consommation.

Cette affaire a des conséquences potentiellement dévastatrices pour le premier pays exportateur de viande au monde, même si des marchés importants comme la Chine ont annoncé samedi la reprise des importations.

Ces scandales touchent deux secteurs clé de l'économie brésilienne, le pétrole et l'agro-alimentaire, alors que le pays est plongé dans la pire récession de son histoire. Le chômage était en janvier au taux record de 12,6% et les mesures d'austérité du gouvernement Temer tardent à faire effet, en plus d'être particulièrement impopulaires.

Le 15 mars, des dizaines de milliers de personnes sont ainsi descendues dans la rue, répondant à l'appel des syndicats pour protester contre la réforme des retraites actuellement en discussion au Parlement. Un mouvement national assorti de grèves qui ont paralysé les transports de plusieurs grandes villes.

«Marre»

Les manifestations de dimanche doivent mobiliser un autre public, a priori plutôt favorable aux réformes du gouvernement, même s'ils n'épargnent pas forcément l'équipe dirigeante actuelle.

Michel Temer «ne s'est pas entouré des bonnes personnes et est en train de laisser passer une grande opportunité d'être en phase avec la société», regrette Rogério Chequer, dirigeant du mouvement VPR, dans un entretien à l'AFP.

En décembre, VPR s'était déjà mobilisé contre Renan Calheiros, alors président du Sénat, objet d'une douzaine de procédures pour des faits présumés de corruption: ces manifestations avaient rassemblé 200'000 personnes à Sao Paulo (sud-est), un million dans tout le pays, selon les organisateurs.

Crainte économique

Un chiffre éloquent, même si les manifestations réclamant la destitution de Dilma Rousseff avaient connu une mobilisation bien plus importante.

«Les gens sont inquiets à cause des tentatives des politiciens corrompus d'échapper à la justice, mais leur principale préoccupation, c'est l'économie», explique Daniel Vargas, professeur de droit à la fondation Getulio Vargas de Rio de Janeiro (sud-est).

«Les gens en ont un peu marre de tous ces sujets. Cela fait environ trois ans que le mot corruption est utilisé pour mobiliser la population, comme si ce combat pouvait résoudre tous les problèmes du pays», conclut-il.

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