Gare aux effets de la lumière bleue des ampoules LED sur la rétine

  05 Janvier 2017    Lu: 682
Gare aux effets de la lumière bleue des ampoules LED sur la rétine
Les ampoules LED pourraient-elles être dangereuses pour la qualité de la vision? L`Inserm met en garde contre ces dispositifs lumineux utilisés quotidiennement qui pourraient à terme favoriser la dégénérescence maculaire liée à l`âge en raison notamment de la lumière bleue qu`ils contiennent.
Les diodes électroluminescentes (LED) sont des sources d’éclairage en plein développement technologique et économique, de plus en plus utilisées pour des systèmes d`éclairage domestiques. Ces diodes se caractérisent par la grande proportion de lumière bleue nécessaire pour obtenir leur lumière blanche et leur forte intensité lumineuse. Or, ces particularités sont depuis plusieurs années considérées comme néfastes pour l’œil, et une nouvelle étude de l`Inserm* le confirme.

Les chercheurs se sont intéressés à l`impact phototoxique des rayons émis par ces dispositifs sur la rétine de plusieurs rats. Dans un premier temps, les chercheurs ont découvert en exposant durant 24 heures ces animaux à une intensité lumineuse similaire à celle habituellement utilisée dans les habitations (500 lux), que seules les LED sont apparues néfastes.

"Avec ces ampoules, la rétine des animaux montre des signes d`altération moindres mais similaires à ceux observés sous forte exposition. Ceci n’est pas observé avec les autres types d`ampoules.", expliquent-ils. L`expérience a même montré une dégénérescence rétinienne chez des rats albinos dont la pupille ne se dilate pas pour protéger l`oeil contre l`agression lumineuse.

Les cellules meurent en endommageant leurs voisines

Ils ont ensuite confirmé que l`origine de la phototoxicité des ampoules LED est bien la lumière bleue. "La lumière blanche, qu`elle soit naturelle ou artificielle, combine des rayons de différentes couleurs, chacune correspondant à une longueur d`onde spécifique", explique la chercheuse Alicia Torriglia, qui a encadré ces travaux. Or, les rayons correspondant à la lumière bleue, qui crée la lumière blanche des ampoules LED en étant combiné avec de la lumière jaune, sont plus délétères que les autres.

"La lumière émise par les LED engendre deux phénomènes toxiques parallèles: l`apoptose (mort cellulaire), mais également une seconde forme de mort cellulaire, la nécrose".
Et en se nécrosant, une cellule endommage ses voisines. "Ceci explique pourquoi la toxicité de la lumière bleue est plus élevée que celle des autres longueurs d`onde", ajoute la chercheuse. Même si les observations faites chez le rat ne seront pas totalement similaires chez l`homme, les données de cette nouvelle étude interrogent.

"Nos cellules possèdent des mécanismes de réparation qui permettent sans doute de corriger en partie les lésions induites par les LED. Mais nous avons un capital lumière, comme notre peau possède un capital soleil. On peut se demander si nos ampoules domestiques ne favorisent pas son épuisement précoce", concluent les chercheurs.

Des risques évoqués depuis plusieurs années

Ces derniers mettent notamment en garde contre un risque, à terme, de dégénérescence maculaire liée à l`âge (DMLA), qui correspond à une dégradation d’une partie de la rétine (la macula), pouvant mener à la perte de la vision centrale. Par principe de précaution, ils appellent à une prochaine génération d`ampoules domestiques, dans laquelle la proportion de lumière bleue serait réduite.

En 2010, l`Anses** avait publié un premier rapport sur le sujet. Ce dernier avait identifié deux risques préoccupants pour l`oeil: l`effet toxique de la lumière bleue et un risque d`éblouissement. Son expertise avait notamment établi que les enfants sont particulièrement sensibles au risque de stress toxique pour la rétine, dans la mesure où leur cristallin reste en développement et ne peut assurer son rôle efficace de filtre de la lumière.

Elle avait ainsi recommandé que seules les LED appartenant à des groupes de risques similaires "à ceux des éclairages traditionnels" soient accessibles pour le grand public, les éclairages les plus à risque devant être réservés à des utilisations professionnelles. Enfin, elle avait souligné la nécessité de diminuer les intensités lumineuses perçues, afin de limiter les risques d`éblouissement.

Pour éviter ces deux problèmes préoccupants, mieux vaut donc bien choisir une lampe à LED. Mais cette tâche n`est pas facile comme l`explique 60 millions de consommateurs, puisqu`il n’existe pas d’étiquetage spécifique permettant d’identifier les LED ne comportant pas de risque. "Mieux vaut éviter les lampes à LED dont le faisceau lumineux est directement visible. Préférez celles vendues avec un réflecteur qui diffuse la source de lumière. Et ne fixez pas le faisceau lumineux", conseille l`association.

*Institut national de la santé et de la recherche médicale

**Agence nationale de sécurité sanitaire de l`alimentation, de l`environnement et du travail

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